L'or en 2024 : Une année de demande divergente et d'attrait résistant

Le marché mondial de l'or en 2024 a été façonné par un mélange de tendances contrastées et de dynamiques changeantes, reflétant à la fois l'évolution des priorités des banques centrales et l'évolution des préférences des consommateurs. La demande d'or des banques centrales est restée une force centrale, la Pologne apparaissant comme le leader surprenant des achats pour l'année. La banque centrale polonaise a acquis un volume impressionnant de 89,5 tonnes d'or en novembre, dépassant de loin les poids lourds traditionnels tels que la Chine, l'Inde et la Turquie. Bien que la Chine ait recommencé à acheter de l'or en novembre et en décembre, achetant un total de 14,3 tonnes au cours de ces deux mois, ses achats cumulés pour l'année, qui s'élèvent à 33,9 tonnes, sont restés modestes par rapport au total de la Pologne. L'Inde et la Turquie ont également contribué de manière significative au marché, en achetant régulièrement de l'or chaque mois, grâce aux efforts déployés pour se prémunir contre la dévaluation des monnaies. Collectivement, la Pologne, la Turquie, l'Inde et la Chine ont représenté un pourcentage impressionnant de 72 % de la demande totale d'or des banques centrales, qui a atteint 270,8 tonnes en novembre. Ces tendances soulignent l'importance croissante de l'or en tant qu'outil de diversification des réserves, en particulier pour les pays confrontés à la faiblesse de leur monnaie face à la force relative du dollar américain.

Le retour de la Chine à l'achat d'or, bien que notable, reflète une approche plus prudente et stratégique que celle d'autres pays. La remontée du yuan depuis octobre a permis à la Chine de retarder d'importantes acquisitions au début de l'année, contrairement à l'Inde et à la Turquie, dont les monnaies sont restées soumises à une pression persistante à la baisse. Cette divergence souligne les forces économiques et géopolitiques plus larges qui déterminent le comportement des banques centrales, où l'or est de plus en plus considéré non seulement comme une réserve de valeur, mais aussi comme une protection essentielle contre les pressions inflationnistes et l'instabilité géopolitique.

Sur le plan de l'investissement au sens large, le comportement de l'or face à la hausse des rendements obligataires a défié les attentes traditionnelles. Après une forte baisse des rendements des obligations américaines à 10 ans au début de l'année, ils ont rebondi à 4,67 % à la fin de l'année, coïncidant avec des chocs géopolitiques tels que la réélection de Donald Trump et la probabilité plus faible que prévu d'une réduction des taux de la Réserve fédérale. Historiquement, une telle augmentation des rendements obligataires aurait affaibli l'attrait de l'or en tant qu'actif sans rendement. Toutefois, les craintes d'inflation, la rhétorique prudente des banques centrales et l'incertitude géopolitique croissante ont au contraire soutenu une forte hausse des prix de l'or. En décembre, l'or a grimpé régulièrement de 2 615 à 2 697 dollars l'once, malgré l'ajustement du marché à des rendements plus élevés. Cette dynamique inhabituelle reflète le rôle accru de l'or en tant que valeur refuge, même si les facteurs traditionnels tels que les rendements obligataires perdent une partie de leur pouvoir prédictif dans cet environnement volatil.

La demande d'or des consommateurs a toutefois donné une image beaucoup plus régionale et fragmentée. Alors que les acheteurs asiatiques ont continué à acheter de l'or physique à des niveaux record, soutenus par des préférences culturelles et une richesse croissante dans la région, les investisseurs occidentaux se sont repliés. Aux États-Unis, la Monnaie a enregistré une chute vertigineuse de 59 % des ventes de pièces d'or par rapport à 2023, ne vendant que 412 000 onces d'or en 2024. Cette baisse contraste fortement avec le million d'onces vendues l'année précédente et met en évidence le fait que les prix record de 2024 ont dissuadé les investisseurs occidentaux d'entrer sur le marché. La performance de l'U.S. Mint reflète celle de la Perth Mint en Australie, qui a connu une baisse de 41 % de ses ventes. Toutefois, les marchés secondaires de l'or sont restés robustes, car de nombreux investisseurs existants ont cherché à tirer parti des prix élevés en se délestant de leurs avoirs. Danielle Oliari, de CNT Depository, a observé une forte activité sur le marché secondaire, soulignant son importance pour répondre à la demande dans un contexte de faible production primaire.

En rupture avec cette tendance à la baisse, la Monnaie royale britannique a connu une reprise notable de la demande tout au long de l'année. Les recettes provenant des ventes de pièces d'investissement ont augmenté de 47 % en 2024 par rapport à 2023, le dernier trimestre s'étant avéré particulièrement fort. Une augmentation de 56 % des ventes au cours des trois derniers mois de l'année a souligné l'intérêt accru pour les valeurs refuges dans un contexte d'incertitude économique et de tensions géopolitiques. En outre, l'augmentation annuelle de 12 % du nombre total de transactions de lingots sur le site web de la Royal Mint indique que les consommateurs britanniques se concentrent à nouveau sur l'investissement fiscalement avantageux et la diversification stratégique de leur portefeuille. Cette divergence entre la baisse des ventes aux États-Unis et en Australie et l'augmentation de la demande britannique démontre que les conditions économiques régionales et le sentiment des investisseurs peuvent influencer de manière significative les tendances du marché de l'or.

 

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